📙 Excerpt from Revue des Deux Mondes, 1843, Vol. 13Il y a vingt ans nous avions tous les yeux tournés vers la Grèce et les noms de Lafayette, de Foy, de Casimir Périer, n'étaient pas plus populaires en France que ceux de Botzaris, de Canaris, d'0dyssée, de Coletti, de Maurocordato. Ceux-ci avaient même sur ceux - là l'avantage de réunir dans une sympathie commune toutes les Opinions, de confondre tous les partis. Pour les uns, ce réveil d'une nation illustre et malheureuse se rattachait à la grande insurrection des peuples contre leurs tyrans, des esclaves contre leurs maîtres, et méritait, à ce titre, l'appui de tous ceux qui croient à l'émancipation des races humaines. Pour les autres, il s'agissait surtout d'un combat entre le christianisme et la religion de Mahomet, combat où le christianisme, vaincu jadis, essayait de prendre une glorieuse revanche. Pour quelques - uns enfin, les souvenirs de la Grèce antique dominaient toute la lutte. Et quand a ces sentiments divers venait se joindre chaque jour le récit de tant d'actes héroïques, de tant de catastrophes douloureuses; quand on voyait une poignée de patriotes combattant des armées dix fois plus nombreuses, les vaincre ou périr avec honneur; quand, plutôt que de tomber au pouvoir de l'ennemi, des femmes périssaient, les armes à la main, ou se précipitaient dans l'abime, il n'y avait pas un coeur qui ne fût ému, pas un esprit qui conservât son indifférence et son impartialité....