📒 Excerpt from Notre Temps, Vol. 2: Souvenirs des Années de la GuerreIl n'y eut toutefois, au cours de cette semaine de Berlin, aucun froissement, ni même aucun signe d'hostilité latente. Nous autres Français gardiens pour nous nos sentiments profonds, et sans doute nous avons passé là, une fois de plus, aux yeux de ces observateurs pédants et lourds, pour des êtres légers et superficiels, prenant le temps comme il vient et accommodant tout à notre blague. Ils ont eu le temps de revenir de cette erreur, si tant est qu'ils soient capables, dans leur orgueil casqué, de réflexion et de con trition. En tout cas, ceux de'nous qui se trouvaient là peuvent affirmer que pas un mot imprudent, ni même naïf, n'a été prononcé au cours de ces repas plantureux et de ces prome nades menées militairement. L'ambassadeur de France, Jules Cambon, nous avait signalé les fondr1eres possibles des chemins où nous nous trouvions engagés. Au cours du déjeuner qu'il nous offrit à l'ambassade, dans cette char mante et noble demeure embellie par l'art de notre pays, il nous prévint très nettement, en un petit speech qui fit passer comme un mot d'ordre de la patrie sur notre réunion, que l'ennemi veillait toujours sous les dehors aimables et derrière toutes les prévenances dont il nous accablait. La précaution était superflue, mais l'émotion et les accla mations qui accueillirent les paroles de notre représentant lui prou vèrent qu'il avait été compris et d...