📕 Excerpt from Correspondance Intime du Comte de Vaudreuil Et du Comte d'Artois Pendant l'Émigration (1789-1815), Vol. 1: Publiée Avec Introduction, Notes Et AppendicesLa Révolution française, qui a décrété légalité, n'a détruit ni les flatteurs, ni l'esprit de flatterie; le peuple souverain en sait quelque chose. Ce qui a péri avec l'au cien régime, c'est le courtisan, cet être souple et tenace, important et inutile, qui mettait son amour-propre à être un reflet d'autrui, et se croyait plus chez lui à Versailles que le Roi lui-même. Son histoire morale, écrite par La Bruyère, est de tous les temps et tient en quelques pages, mais sa physionomie a varié suivant les pays et les règnes. En France, il porte, un peu comme l'homme de lettres, la marque des temps où il a vécu. Sous Louis XIV, il a été ou bien un glorieux élevé à des fonctions au-dessus de ses mérites, ou un dévot de l'étiquette, attentif à noter le moindre pas de son maître Villeroi ou Dangeau; sous Louis XV, il est devenu ce roué sans coeur, cet académi cien sans orthographe, contemporain et complice des vices de trois générations, qui se nomme le maréchal de Richelieu; enfin au temps de Louis XVI, ou plutôt de Marie - Antoinette, il se transforme en homme sensible,il devient le beau Vaudreuil, protecteur des beaux - arts, fai scur de petits vers et de grands compliments, ami fidèle du comte d'artois, chevalier non moins fidèle de la du chesse de Polignac, et c'est celui-ci...