📖 Excerpt from Œuvres, Vol. 3: PamphletsJe me suis dit sans façon Timon et moi nous sommes confrères. Confrères autant que le sont un soldat et un maréchal de France. Timon est, avec Paul - Louis Courrier, presque le seul écrivain que je connaisse; ses petits livres composent toute ma bibliothèque, bibliothèque très portative et dont j'ai toujours au moins la moitié dans ma poche. Il ne dédairrnera pas pour peu que j'en vaille la peine, de me venir ne aide, et de tracer de son doigt une petite, toute petite auréole autour de mon nom. Je suis déjà son débiteur pour tous les bons jeudis qu'il m'a fait passer, pour les excellents modèles qu'il m'a fournis, pour les éclairs d'in5piration qu'il a fait luire dans mon obscure cellule. Lui devoir un peu plus lui devoir un peu moins, ce n'est pas une affaire. Il y en a tant d'autres qui lui doivent! Et, d'ailleurs, Dieu nous fait payer ici-bas le loyer des avantages qu'il nous a départi5. Comme ses avantages, la gloire a ses charges, et Timon a moins que tout autre le droit de s'y soustraire. Les écrivains d'autrefois dédiaient leurs ouvrages aux grands seigneurs et aux princes. Nos grands seigneurs a nous, hommes du peuple d'aujourd'hui, ce sont ces grands citovens qui prennent nos libertés sans leur garde, et dont la plume est notre épée; nos princes, ce sont ces hommes d'élite qui portent à leur front, au lieu d'une couronne d'or, une couronne de chêne et de ...