🔖 - Oh ! madame la fée ! dit le vagabond en se mettant à genoux, ayez pitié de mon infortune. Pour avoir vu la fille du roi, qui prenait le frais à sa fenêtre, mon cœur ne m'appartient plus ; je sens que jamais je n'aimerai une autre femme qu'elle. - Bon ! dit la fée, ce n'est pas là un grand malheur. - Peut-il en être un plus grand pour moi ? Je mourrai si je ne deviens pas l'époux de la princesse. - Qui t'empêche de le devenir ? Roselinde n'est pas fiancée. - Oh ! madame, regardez mes haillons, mes pieds nus ; je suis un pauvre enfant qui mendie sur les chemins. - N'importe ! il ne peut manquer d'être aimé, celui qui aime sincèrement ; c'est la loi éternelle et douce. Le roi et la reine te repousseront avec mépris, les courtisans feront de toi des risées, mais si ta tendresse est véritable, Roselinde en sera touchée, et, un soir que, d'avoir été chassé par les valets et mordu par les chiens, tu pleureras dans quelque grange, elle viendra, rougissante et heureuse, te demander la moitié de ton lit de paille. L'enfant secoua la tête ; il ne croyait pas qu'un tel miracle fût possible. - Prends garde ! reprit la fée ; l'Amour n'aime pas que l'on doute de sa puissance, et il se pourrait que tu fusses châtié d'une façon cruelle à cause de ton peu de foi. Cependant, puisque tu souffres, je veux bien venir à ton aide. Fais un vœu, je l'exaucerai. - Je voudrais être le plus puissant prince de la terre, afin d'é...