📗 Trait singulier de l’intelligence et du sentiment de ce pays-ci : une conscience française se réveille dans les moments de colère et de deuil. Oui, certes, nos diversités sont inhérentes à la forme de notre sol et de notre esprit, mais il faut bien aussi qu’il y ait « une » France. Oui, notre unité fut un chef-d’œuvre d’art historique, mais cette unité-là dut avoir ses raisons, elle dut correspondre à des réalités tangibles, pour avoir résisté à tant de destructeurs ! Une civilisation, un esprit, une langue, un goût, une société, une politesse, des mœurs, ces expressions d’intérêts profonds ou sublimes, ces hauts produits de notre combinaison séculaire ne peuvent donc se renoncer aussi facilement que l’espèrent nos ennemis. Menacés, ils se développent et la sensibilité patriote qui se manifeste par la force de la douleur peut changer, par sa réaction, bien des choses à notre destin.Mais, surtout, ne supposons pas qu’elle doive jamais devenir assez claire pour commander et régner seule. Le sort de l’Assemblée de 1871 avertit que nous ne sommes pas un pays d’opinion gouvernante. Pure, droite, patriotique, l’opinion française livrée à ses éléments propres est vouée aux déchirements. Mais, de le bien sentir, peut venir le salut. Et, à vrai dire, il vient. Ce que peut créer, ce que crée déjà la renaissance d’un véritable esprit public c’est la vue précise, la pensée clairvoyante de son centre et de ses limites. On revient à cette pensée avec netteté et courage. Comme dans le disco...