📙 «... J’avais huit ans. Je venais de perdre ma mère et j’arrivais à Paris.La main dans la main de mon tuteur, je descendais l’escalier de la gare, toute petite dans les vêtements noirs du premier deuil. De la ville énorme, des masses régulières des maisons où le couchant incendiait les enseignes dorées, des vastes perspectives rayonnant autour de la place centrale, il m’est resté de confuses sensations d’étendue, de bruit, de mouvement, et sur l’ardoise violette des toits, sur les platanes effeuillés, sur la foule bariolée ou sombre, la gloire fantastique d’un ciel vert traversé de flammes roses. Mon tuteur, déjà voûté, me conduit doucement, sa bonne face placide alourdie de mélancolie. Puis mes souvenirs deviennent vagues. Je revois un escalier, une antichambre obscure et soudain le luxe d’un salon blanc et or où une grande femme blonde tente vainement de m’embrasser...»