📒 Ce qui nous distingue de l'animal ce n'est ni le langage ni l'index qui va bien pour cliquer sur du porno.
Ce qui nous distingue de l'animal ce n'est ni l'intelligence ni le temps perdu passé devant les anges.
Ce qui nous distingue de l'animal, c'est notre capacité à nous raconter des histoires, à transformer nos vies en récits.
Nous sommes des "machines écrivantes" qui falsifions le réel, l'inventons, afin de croire à la beauté, à la vérité stupide de nos vies, afin de nous bercer dans l'illusion du sens, et il me semble que jusqu'à maintenant on n'a rien inventé de mieux que le papier, A4 ou photo, pour imprimer ce mensonge.
Je suis juste un gens sans histoire qui aura essayé d'écrire avec grâce, de donner à la matière de son existence, une texture un peu poétique, de faire briller une lumière dans la nuit de sa vie vaine et inutile.
Dans ce qui précède, dans ce qui vient, beaucoup de trous, de pièces manquantes, d'événements inventés, de fragments qui appartiennent à d'autres. J'ai eu beau écrire à la place de... on ne rappelle pas les morts à la vie, ils sont morts, point, et on fait avec ce monde devenu inintelligible, inaudible et liquide.
Je me souviens donc j'invente.
Je me souviens donc j'invente ces vies sur des bouts de papiers, j'ai mis du scotch pour faire tenir l'ensemble, afin de tout faire tenir, de me faire tenir debout, sans trop tricher sur les marges ou l'interligne, dans la bonne peau lisse de caractère.
Je me souviens donc j'invente cette vie afin de renaître différent à chaque fois dans la bouche ou le regard d'un autre, afin que mon moi d'avant puisse rester pour toujours coincé dans la trame du papier.
Je me souviens donc j'invente ma vie pour qu'enfin elle puisse tenir tout entière dans une main.
Et c'est quoi l'épaisseur de ma vie ?
Quelques feuilles, au carré, ou presque, qui pèsent, crise du livre oblige, quelques kilo-octets.