📒 Nous vivons sous le régime de la famille patriarcale : autour du père, reconnu par les moeurs et la loi chef de la petite société familiale, se groupent la femme et les enfants : son nom seul descend le cours des générations : autrefois la propriété se transmettait par les mâles. La Bible, les livres sacrés de l'Orient, la plupart des philosophes, des historiens et des hommes d'Etat ont admis comme une vérité indiscutable, que cette forme familiale présida à l'origine des sociétés humaines et qu'elle traverserait les siècles à venir en ne subissant que d'insignifiantes modifications. Pour le vulgaire et pour les esprits cultivés la famille patriarcale est encore la seule forme familiale selon la raison et selon la nature : les jurisconsultes romains, eux aussi, pensaient que le jus gentium était l'expression juridique du Droit naturel. Afin de donner une autorité morale à leurs institutions civiles, politiques et religieuses, à leurs moeurs et à leurs coutumes, les hommes les ont toujours présentées comme des manifestations de la loi naturelle et des émanations de la divinité. Les droits et les devoirs religieux, moraux et politiques de la femme reposent sur cette notion de la famille, qui naît avec l'histoire.